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14 aôut 2008 : Alain Bernard entre dans la légende de la natation




PAR SEBASTIEN NOIR

PHOTOS : Fonds Alain Bernard

 

Depuis qu’il a troqué son maillot une pièce contre un costume trois pièces, rien n’a changé. Aujourd’hui consultant pour Eurosport,

l’Antibois commentera les JO de Paris. S’il s’est retiré des bassins en 2012,

le regard des mômes sur ce géant du sport français est resté le même.

 

Des petits poucets qui rêvent, un jour, de devenir ce Gulliver de la natation. « C’est hyper gratifiant, touchant. Cela me conforte dans ce que je porte, mes valeurs, auprès des écoliers, des étudiants, des entreprises. Ce sport amène d’énormes émotions… Après, si ces enfants viennent me voir, c’est peut-être grâce à leurs parents qui avaient leur âge lors des JO de 2008 », éclate de rire un Alain Bernard toujours aussi sympathique et humble. Lui non plus n’a pas changé…

Et pourtant, que l’on ne s’y trompe pas, ce grand homme de presque deux mètres, qui développe une envergure à faire rougir de jalousie un albatros, possède l’un des plus beaux palmarès de l’histoire du sport tricolore. Même si rien ne fut facile : celui qui est né un jour de Fête du Travail (le 1er mai 1983) a dû bosser comme un forcené pour atteindre un tel niveau de performance. Et, parfois, lutter contre des vagues contraires. Blessures, satanée mononucléose, l’Antibois a ainsi dû attendre ses 25 printemps pour planer sur l’été chinois de 2008. « Je n’avais pas de talent inné pour la natation. Mais avec du travail, de la ténacité et un peu de chance, j’ai forcé mon destin olympique », écrivait-il dans son autobiographie. « Une formidable aventure. Comme disent les œnologues, 2008 est mon grand cru classé », lâche-t-il dans un immense sourire.

 

Des débuts olympiques

très difficiles

Août 2008. Alain débarque à Pékin pour ses premières olympiades. Dans ses valises, il amène avec lui de nombreuses médailles mondiales, européennes et continentales. Mais depuis qu’il a obtenu son billet pour la Chine, il ne rêve que d’un visa pour l’Olympe, lui, le favori des spécialistes. En arrivant au village, il s’aperçoit que les regards des autres heureux élus ne sont pas les mêmes qu’auparavant.

Pourtant, toujours empli d’humilité, Alain regarde ces étoiles avec des yeux d’enfant : « Le village était magnifique. Tout le monde portait ses couleurs nationales du matin au soir, il y avait un vrai sentiment de fierté. C’était un petit coin de la maison au bout du monde. On croisait des judokas, des athlètes. J’avais discuté avec les frères Christophe et Steeve Guenot avant leurs titres. Quant à moi, j’étais en bonne forme, j’avais toutes mes capacités. Mais j’étais aussi prêt à ne pas gagner. Ça m’a aidé à évacuer cette pression, à relativiser l’attente qu’il y avait à 8 000 km de là ». Et pourtant, Alain va connaître une terrible désillusion. Un échec qu’il ne va pas digérer si facilement. Mais qui va l’aider par la suite… « Avec le relai, nous avons échoué pour 8 centièmes face aux Américains malgré un temps que nous n’avions jamais réalisé ». De plus, son grand rival, l’Australien Eamon Sullivan lui ravissait son record du monde lors de son relai. On aurait pu rêver mieux pour des débuts olympiques. « Mais mon entraîneur de toujours, Denis Auguin, m’a aidé à bien gérer cette désillusion ».


Le premier champion olympique français sur 100 mètres

nage libre



Pékin, 14 août 2008. La journée restera dans l’histoire de la natation française. La finale tant attendue du 100 mètres nage libre va débuter. Avec le duel espéré Sullivan-Bernard. Alain, tendu comme un arc, avouera même plus tard : « Lorsque le starter a dit ‘’à vos marques ‘’, ma jambe gauche s’est mise à trembler. Je n’avais jamais ressenti un tel stress. J’ai pensé que c’était mal barré ».

Ceci explique peut-être cela : l’Australien prend un meilleur départ. Il vire en tête aux 50 mètres avec 5 centièmes d’avance. Le clan français pense que la cruelle désillusion du relai va se reproduire. Et puis… Alain, insubmersible ce jour-là, se transforme en véritable torpille. Il file en un éclair et touche le bord du bassin en premier, 11 centièmes de seconde avant Sullivan : « Un mélange de tous les sentiments s’empare alors de moi, explique-t-il aujourd’hui. De la fierté, de la joie mais aussi un peu d’incompréhension. J’ai gagné la finale, oui, mais de quoi ? Des Jeux ? Je mets une petite seconde à réaliser ».

Eh oui, Alain Bernard est devenu le premier Français champion olympique du 100 mètres nage libre. Le mec en or a enfin sa médaille du même métal autour du cou.

Tout s’enchaîne alors. Les médias qui se pressent pour obtenir sa réaction.

Le podium. La Marseillaise. « Para­doxalement, c’est le moment dont je me souviens le moins. Je suis trop submergé par l’émotion », rembobine Alain, une petite poussière dans l’œil toujours présente.

Mais la compétition continue. Alain rentre au village. Le 50 mètres nage libre l’attend. Il doit récupérer.

« Je me suis allongé sur mon lit et j’ai posé ma médaille à côté de moi. Je l’ai regardée en pensant : tout ça pour ça ! Ce jour-là, j’ai pourtant touché le Graal ».

Aujourd’hui, où est-elle ? « C’est un secret, explose-t-il de rire, avec un clin d’œil complice. Ce que je peux dire, en revanche, c’est qu’au fil des années, elle rapetisse. Peut-être parce qu’on s’éloigne de cette journée… »

 

Un podium à lui tout seul

Souvenons-nous alors du 16 août 2008. Finale du 50 mètres nage libre. Certainement fatigué par l’enchaînement des courses, Alain Bernard termine troisième derrière le vainqueur brésilien César Cielo Filho et son compatriote Amaury Leveaux.

Or, argent, bronze, Alain est « un podium à lui tout seul » !

Enfin, pour clôturer cette année « 2008 grand cru classé », Alain Bernard est élu champion des champions français par L’Équipe…

 

2012 : nouvelle médaille d’or

et la retraite

Les années olympiques se suivent mais ne se ressemblent pas. Quatre ans plus tard, le voici à Londres. Alain Bernard n’est plus dans le grand bain olympique. Il est dans les tribunes pour assister à la victoire du relai français, avec lequel il gagne l’or pour sa participation lors des qualifications. « J’avais 29 ans et je savais que la nouvelle génération était là pour gagner. Je l’ai fait depuis les gradins. C’est comme ça, je l’ai accepté sans aucune amertume ».

Mais ce nouveau statut a du bon. Il peut assister aux autres épreuves, « encourager les handballeurs français durant leur magnifique parcours et cette superbe finale remportée face aux Suédois 22-21 ».

Et le 5 août 2012, il est là, dans le Stade Olympique pour la finale du 100 mètres, « avec des potes, grâce à des places miraculeusement dénichées ». Il est debout pour acclamer Usain Bolt, qui vient de remporter l’épreuve en pulvérisant le record olympique de la distance. « C’était incroyable, dans une ambiance indescrip­tible, l’homme le plus rapide au monde avait encore répondu présent ». On lui rappelle alors qu’il avait réalisé le même exploit quatre ans avant. Alain Bernard était, lui, le nageur le plus rapide au monde.

Alain baisse la tête. Son humilité, toujours. Sa sensibilité, aussi. Celle qui l’a submergé à la fin de cette année 2012. La piscine de Dunkerque risque même de déborder pour son adieu aux larmes. Le public, debout, lui réserve une formidable ovation. A la hauteur de ce champion désormais à la retraite.



 

 « Premier supporter des Bleus à Paris »

«  Douze ans plus tard, il prépare désormais ses Jeux Olympiques pour Eurosport. « Je vais commenter la natation et j’espère que les Français seront au rendez-vous à domicile. Notre discipline possède de très beaux chefs de file avec Mehdy Metella ou Léon Marchand, sans oublier Florent Manaudou, qui n’a pas dit son dernier mot. Et les filles montent aussi en niveau ».

«  Alain, toutefois, ne restera pas cantonné aux bassins. « Je serai le premier supporter des Bleus. C’est juste dingue d’accueillir les JO, le monde du sport, c’est la chance d’une vie ! »

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