par SÉBASTIEN NOIR
L’essentiel est de participer… Enfin, pour les hommes, tant le Baron de Coubertin ne voulait absolument pas « d’Olympiades femelles » (sic).
Le rôle de la femme reste ce qu’il a toujours été : elle est avant tout la compagne de l’homme, la future mère de famille, et doit être élevée en vue de cet avenir immuable », écrit de Coubertin en 1901. Avant de poursuivre, une dizaine d’années plus tard et au sujet des JO : « Ils sont l’exaltation solennelle et périodique de l’athlétisme mâle avec […] l’applaudissement féminin pour récompense ».
On était encore très loin du début du mouvement #metoo, mais il y avait de quoi enflammer les plus déterminé(e)s des féministes.
Surtout si l’on y ajoute nombre de préjugés de l’époque, associés au sport féminin, comme une transformation trop musclée de la silhouette, donc peu esthétique, une perte de la féminité ou encore une atteinte à la fertilité…
Aucune touche de féminité donc lors des premiers Jeux de l’ère moderne, en 1896. C’est en 1900, à Paris, que les femmes font leur première apparition avec 22 con-currentes sur un total de 997 athlètes. Et encore, elles sont « cantonnées » à cinq disciplines, la voile, le croquet, l’équitation, le golf et le tennis. C’est d’ailleurs dans ce sport qu’une femme remporte une médaille olympique. Il s’agit de Charlotte Cooper, victorieuse du simple, sacrée championne olympique le 11 juillet.
« la Charte olympique rend obligatoire la présence des femmes dans tout sport ».
Fort heureusement, les femmes sont, depuis, allées plus vite, plus haut, plus fort. Elles ont grimpé dans la société aussi vite qu’elles sont montées sur les podiums. Même s’il a fallu attendre 2007 pour que « la Charte olympique rende obligatoire la présence des femmes dans tout sport »…
Il n’empêche, la femme olympique a repris le flambeau. Elle a embrasé les Jeux et son histoire est aujourd’hui retracée dans l’exposition à ne pas manquer au Musée National du Sport. En attendant, voici quelques moments exceptionnels à conjuguer au féminin et à consommer sans modération ! Grâce à des femmes en or !
Phereniki
Nous sommes en 388 av. JC. Phereniki, athlète de Rhodes, ne pouvait pas participer aux JO en raison de sa féminité. Pire, en sa qualité de femme mariée, elle ne pouvait même pas y assister.
N’écoutant que son courage – elle risquait tout de même la mort ! – après la disparition de son époux, elle se déguisa en homme pour entraîner son fils au pugilat. Hélas, la supercherie ne dura qu’un temps et son stratagème fut découvert. Devant les juges, magnanimes, elle expliqua les raisons de ses actes. Elle fut libérée mais après ce verdit, tous les entraîneurs se montrer nus afin de prouver leur sexe. Fort heureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui...
Alice Milliat
C’est cette championne d’aviron après la Première Guerre mondiale qui a fédéré le mouvement sportif féminin.
Elle est nommée présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France en décembre 1917. Principale opposante du Baron de Coubertin, elle organise, en 1921, les premiers jeux mondiaux féminins d’athlétisme à Monte-Carlo. Elle devient ensuite présidente de la Fédération sportive féminine internationale, un statut lui permettant d’organiser les Championnats olympiques féminins à Paris.
Larissa Latynina
La gymnaste, la plus forte de sa discipline dans les années 50 et 60, a glané 18 médailles : 9 d'or, 5 d'argent et 4 de bronze. Jusqu'en 2012, elle détenait le record de médailles obtenues aux Jeux Olympiques.
Norma Enriqueta
La femme olympique ! C’est en 1968 que Norma Enriqueta devient la première à brandir la torche olympique pour enflammer la vasque. Plus qu’une évolution, une véritable révolution !
Marjorie Gestring
La plus jeune athlète de l’histoire de JO à remporter le titre. C’était à Berlin et l'Américaine n’était alors âgée que de 13 ans. Elle venait de remporter l’or au plongeon à 3 mètres.
Nadia Comaneci
La gymnase roumaine, 14 ans, est la seule à obtenir la note parfaite de 10 aux Jeux Olympiques pour l'épreuve des barres asymétriques. Depuis, personne n’y est parvenu. Mieux, elle a fait « buguer » la machine, pas programmée pour avoir sept fois 10. C’était à Montréal en 1976…
Marie-Jo Pérec
L'athlète française est la seule à être sacrée trois fois. Son palmarès ? Le doublé aux JO sur 200 et 400 mètres (le titre sur 400 mètres lors de deux JO consécutifs), troisième meilleure performance sur le tour de piste, double championne du monde du 400 mètres.
Marla Runyan
Aveugle depuis l'âge de neuf ans, l’Américaine accumule les records en athlétisme aux Jeux paralympiques. Médaillée d'or au 100 m, 200 m, 400 m et en saut en hauteur en 1992, puis championne paralympique d'heptathlon en 1996. Oui, mais voilà, Marla Runyan a un rêve. Elle veut se mesurer aux athlètes « valides ». En 2000, à Sydney, elle termine à la huitième place du 1 500 m. Un exploit !
Laura Flessel
L’escrimeuse française surnommée la guêpe est quintuple médaillée olympique, six fois championne du monde, une fois championne d'Europe. En 2012 à Londres, elle est le porte-drapeau de l'équipe de France lors de la cérémonie d'ouverture et de clôture. N’en jetez plus !