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LA FOIL AVENTURE DE TROIS AZURÉENS AU NÉPAL

 Aurélien, Marion et Ruben ont ridé avec leur e-foil sur un lac à 5 400 mètres d’altitude. Ils en reviennent avec des images grandioses plein la tête et un documentaire à couper le souffle.


PAR THIERRY SUIRE

PHOTOS SÉBASTIEN BOTELLA

 

Repousser les frontières de leur jeune discipline. Ouvrir de nouveaux horizons. Amener le e-foil en terres inconnues. C’est le pari fou d’Aurèl et sa team. Aurèl, c’est l’Antibois Aurélien Delahaye, fondateur d’Olympea Riviera, société de location et d’enseignement d’e-foil basée à Carros. Avec ses acolytes foileurs Marion Neveu et Ruben Chiajese, le vidéaste-réalisateur, Clément Rougier et le journaliste Sébastien Botella, ils reviennent du toit du monde. Un trip dans l’Himalaya népalais, non pas pour toucher un pic et tutoyer les étoiles, mais pour surfer sur un des plus hauts lacs du monde.

Car ces Azuréens sont des pionniers, des précurseurs, des défricheurs. De ceux qui ouvrent des voies. Qui plantent leur foil dans des eaux encore vierges, comme on plante un drapeau sur un territoire jusqu’alors inexploré. Leur but : faire connaître leur activité-passion. Témoigner, avec des images à couper le souffle, du plaisir de cette glisse à nulle autre pareille. « Cela ne ressemble à aucun sport de glisse que j’ai rencontré. Voler sur un e-foil, c’est la liberté », résume Aurélien, tombé par hasard dans la marmite de cette discipline lors d’une escale plus longue que prévue à Porto Rico. « C’était en 2017, il y avait un étrange prototype de surf électrique. J’ai posé quelques questions. On m’a dit : Tu veux essayer ? Et, en sortant de l’eau, j’ai eu une étincelle. J’ai quitté mon emploi et lancé mon activité », rembobine l’Antibois.

Il est alors l’un des premiers en France à croire que cet engin futuriste puisse se frayer un chemin dans la jungle des sports de glisse. On le regarde alors comme Marty Mcfly sur son overboard dans « Retour vers le futur ». « Il n’y avait rien : pas de législation, pas de cadre pour prendre une assurance spécifique... Il a fallu faire les démarches, créer, impulser », déroule Aurélien, le regard dans le rétroviseur du temps. Six ans plus tard, c’est à Saint-Laurent-du-Var qu’il initie, à la belle saison, les amoureux de sensations fortes à cette planche qui vole au-dessus de la vague.

Et, à la saison creuse, il embarque sa team dans des rides improbables ! En novembre 2022, il est parti surfer en Norvège sous les aurores boréales (lire par ailleurs). Et, cet hiver, c’est donc au Népal qu’il a hissé sa planche... de salut. Pour un road trip exaltant et flippant. Parsemé de doutes, de rebondissements, de chausse-trappes. Il a fallu faire le dos rond, encaisser, s’accrocher au creux de la vague, pour mieux renaître. Surfer sur les ondes positives pour aller au bout de leur rêve. Et s’offrir un merveilleux happy-end. Un récit haletant dont le moindre interstice est mis en lumière dans un magnifique film documentaire consacré à ce projet, baptisé ICARE.

 

On rembobine le trip au Népal

 

Un an de préparation. Trois semaines sur place. Un trek futuriste en haute altitude dans des paysages millénaires, avec guide et sherpas... Aurélien raconte cette foil aventure.

 


« Là-bas, c’était vraiment le choc des cultures. On se faisait souvent interpeller sur la route. Les Népalais n’arrivaient pas à visualiser que l’on puisse surfer sur un lac. C’est tellement éloigné de leur vie, de leurs préoccupations. » Il a fallu, du coup, convaincre, contourner les obstacles liés à ce fossé entre le pays hôte et leur désir profond. « Cette destination, je l’ai choisie en hommage à une amie, Laura, qui avait fondé une association caritative en 2014 en faveur du Népal et qui est décédée d’une méningite foudroyante. Je lui avais promis d’agir pour ce pays. » Le ride en haute altitude devait donc s’accompagner d’une action humanitaire (lire par ailleurs). Mais tout cela a nécessité un long montage administratif et financier. Une année complète de travail de préparation. Avec du stress. L’alternance de hauts... et de bas. « Comme quand un gros sponsor nous a lâchés un mois avant le départ... Ou quand il a fallu expédier les batteries du e-foil en cargo-fret car elles ne passent pas dans l’avion », énumère le sportif. Aurélien s’attèle, également, à trouver une agence de trekking, demande toutes les autorisations administratives... « Après des mois d’échanges par mail avec le gouvernement népalais pour expliquer notre projet, on a enfin reçu le permis. » L’autorisation officielle. Un sésame. La voie royale pour mener cette aventure à son terme. Le lieu est fixé : « le lac Gokyo, lac sacré pour les bouddhistes et les Hindhouistes ».     



C’est enfin le jour du grand départ. Un long voyage direction Katmandou, la capitale népalaise. A l’arrivée, à la douane, « on lâche un peu de bakshish pour retrouver notre planche... » Sur place, Aurélien récupère le permis de rider des mains du ministre lui-même : « Tout le monde est ravi, on se serre la main, on fait des photos... » Après une nuit à l’hôtel et une dernière vérification du matériel, c’est parti pour l’aventure. Deux jours de 4x4 à travers les pistes cahoteuses népalaises « à longer des falaises à la Indiana Jones ». L’équipée sauvage touche Lukla, village à 2 800 mètres d’altitude, porte d’entrée de beaucoup de trekkers de l’Himalaya. La dernière partie du voyage démarre. Les Azuréens entament leur longue marche vers leur destination, accompagnés d’une équipe de sherpas. Ils croisent des paysages variés : « des rizières, des forêts d’altitude, des pistes rocailleuses, des falaises, puis du minéral à perte de vue ». Ils traversent des ponts suspendus, croisent des villages accrochés à la montagne, des Népalais comme perdus dans l’immensité environnante. Deux jours d’efforts en haute altitude avec une fatigue bien naturelle qui pointe. Mais l’objectif est à l’horizon. Jusqu’à un nouveau coup d’arrêt. « Deux jours avant d’atteindre le lac Gokyo, on apprend qu’il y a un pépin avec notre permis. On nous dit que le chef du village local n’est pas d’accord pour qu’on vienne rider chez lui. » Tout est remis en cause... Si proche du but. « On nous explique que le permis qu’on a acheté ne vaut finalement rien. Et surtout, on nous prévient : si on poursuit en direction de Gokyo, notre sécurité n’est pas assurée. » 

Aurélien et ses acolytes sont contraints de changer leurs plans. Ils se déroutent vers un autre lac d’altitude : le lac Chola. Sans demander d’autorisation ce coup-ci. « On a deux rangers qui nous suivent pendant deux jours pour s’assurer qu’on avait changé de destination », explique Aurélien.



« Au total, on a fait deux semaines de trek. Deux semaines dans des paysages exceptionnels. à la rencontre de populations si touchantes. Le peuple népalais a été très accueillant et on revient de là-bas empli de modestie. Voir l’Éverest reste aussi un souvenir inoubliable. Et puis, après tous ces efforts, toutes ces péripéties, quand j’ai vu le lac, j’en ai pleuré. Je me suis dit : on peut le faire ». Il reste toutefois à lever un dernier doute : que le lac ne soit pas gelé. Lors de leur approche de repérage, c’est le soulagement. Ouf ! Mais, le jour J, au petit matin, pour bénéficier de la meilleure lumière pour les images, ce n’est plus le cas. « Du coup, je me suis servi de la planche comme d’un brise-glace. Et puis, tout s’est parfaitement déroulé. On avait peur que la batterie du foil se décharge avec le froid. Elle a tenu. Marion, Ruben et moi avons ridé à tour de rôle. Surfer en étant entouré des plus hauts sommets de la planète, c’était magique. Les sherpas qui nous accompagnaient en avaient le souffle coupé. » 



Aurèl est reparti profondément marqué par cette aventure. Dans toute sa dimension. Sportive bien sûr, mais aussi vis-à-vis du peuple népalais. Et, enfin, par la dimension humanitaire de leur trip.

 

 

UN RIDE HUMANITAIRE AU BÉNÉFICE D'UNE ÉCOLE NÉPALAISE

 

« On s’est mis en relation avec une marque de bière niçoise, Blue Cost,

qui a tiré 500 bières à l’effigie du projet ICARE. Tous les bénéfices des ventes de ces bouteilles vont être reversés à une école népalaise, Hillary School. Cet établissement était sur la route de notre trek, ce qui nous a permis de le visiter, d’aller à la rencontre des enfants. Cet argent, même si ce n’est qu’une goutte d’eau, sera évidemment bienvenu car on sait que les besoins sont immenses. » 



 

 

UNE AVENTURE A VIVRE EN VIDÉO

 

Des images du voyage, des interviews à chaud et des récits à froid. « On a voulu réaliser un documentaire immersif, que le spectateur puisse vivre l’aventure comme s’il y était. Du coup, on a tout filmé : la préparation en amont, les péripéties sur place et ce moment magique sur le lac Chola », détaille encore Aurélien.

 

 

SURFER EN NORVEGE SOUS LES AURORES BORÉALES

 


Tout est parti d’un film. Un soir, Aurélien visionne le documentaire

« Under an arctic sky » dans lequel un surfeur évolue sous les aurores boréales. « Je me suis dit : c’est génial. Je me renseigne : personne ne l’a fait en e-foil. » Il propose à ses potes de monter rider sous les aurores boréales. Leur réponse fuse : « t’es sérieux ? » Sérieux, il l’est. Il baptise le projet Thor, Dieu du tonnerre dans la mythologie nordique. Deux mois plus tard, tout le monde embarque en van, direction Tromso au nord de la Norvège. Soit quatre jours de route et 4 500 km de bitume. Sur place, il faut encore que la nature soit généreuse. Il y a du vent, les courants des fjords sont puissants. Rien de comparable avec la douce Méditerranée. Et puis, il faut que le ciel se pare de ce vert si étrange. Si irréel.

Une nuit, on tambourine à la porte d’Aurèl : « Réveille-toi, il y a les aurores... On fonce » En une prise, le film est dans la boîte. On y voit notre surfeur téméraire voler au-dessus de l’eau sous une chappe d’un vert lumineux et torturé. Et sur une mer noire pétrole. Le rendu est renversant.

Cette expérience norvégienne terminée, Aurélien et sa bande se projettent déjà vers de nouveaux horizons. Et promettent plein de nouveaux épisodes à leurs aventures aquatiques.

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