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Laurent Sciarra : un mec en or... médaillé d’argent


PAR SEBASTIEN NOIR

PHOTO Alamy.com


« Laurent Sciarra s’est réveillé. Il est devenu le patron et tout a changé ». L’éloge de l’Antibois Laurent Foirest au voisin niçois résume à lui seul l’importance du meneur de jeu, mais surtout d’hommes, dans le parcours de l’équipe de France de basket aux Jeux Olympiques

de Sydney en 2000.


Bien sûr, on pouvait nourrir de l’espoir pour ces Tricolores, qualifiés pour des JO après seize ans d’absence, après une demi-finale lors de l’Euro disputé à domicile. Pourtant, tout ne fut pas rose avant la compétition, loin de là. « Nous avions effectué une grosse préparation physique avant les Jeux. Nous sommes partis un mois et demi avant. Les mecs ne se supportaient plus à force de vivre en permanence ensemble. Et ça se ressentait dans notre jeu. On ne tenait pas la route, on jouait mal. On perd de 37 points le dernier match de préparation contre la Serbie. Pas la meilleure façon d’aborder la compet ».

 

Le miracle canadien

Les Bleus, tant bien que mal, terminent quatrièmes de leur poule. Ils trainent leurs baskets et leur mal-être au village. Ils font la moue et la guerre. Entre eux. Réunis dans leur réfectoire pour partager ce qui leur restait, c’est-à-dire les repas, c’est souvent « salade de museaux » et « soupe à la grimace » au menu. Et puis, ce soir pas comme les autres, on leur promet le Canada en plat de résistance. Laurent rembobine : « On a vu arriver les deux kinés, comme des fous… On devait jouer La Serbie en quart, et donc rentrer chez nous, et ils nous annoncent que le Canada est en train de les battre. Un miracle. On a regardé ensemble la fin du match. Alors, on s’est parlé. Et tout a changé même si on ne sera jamais les meilleurs amis du monde. Une porte s’ouvrait. On s’est engouffré ».

Les bûcherons sont sciés en quart (68-63). « On les avait déjà battus en préparation. On a axé notre jeu sur Steve Nash, le meneur, et Mc Cullock, le pivot. C’est passé ». Deux jours après, les Bleus se mettent les Kangourous australiens dans la poche : « On les a atomisés (76-52). Qualifiés pour la finale, la deuxième de la Nation après celle perdue en 1948, les Français avaient rendez-vous avec leur destin. Leur histoire. Avec les Américains, surtout…

 

Si près, si loin…

Sydney, dimanche 1er octobre 2000, 13 h 15 heure locale. SuperDome. 14 833 spectateurs. Et beaucoup ont pris fait et cause pour les Bleus malgré leur succès sur les Australiens en demi-finale. Il faut dire que les pronostics annoncent au mieux plus de vingt points d’écart en faveur des Ricains. Et la première période leur donne raison (46-32). Les joueurs NBA ne forcent même pas leur talent. Ils déroulent. Roulent sur leurs adversaires (72-58). Certains chambrent. Fort. Trop ? Ils avaient oublié que, chez les Bleus, beaucoup avaient du caractère. Alors, vexés, Risacher, Rigaudeau et, bien sûr, Sciarra arrosent à trois points. Une pluie de tirs primés s’abat sur les Américains. Le ciel leur tombe même sur la tête. Le panneau d’affichage scintille 76-72 à 4’24 du buzzer. « A ce moment-là, je pense qu’on va les cogner, sourit Laurent Sciarra. Mais je vois le coach américain Tomaniovic demander un temps-mort. On s’est relâché et les Ricains ont durci les débats physiquement. On n’avait plus ce petit truc et on est venu mourir à dix points (85-75). »

Laurent finit meilleur marqueur de la finale avec 19 points (6 sur 7 aux tirs), assortis de 4 passes et 3 interceptions en 28 minutes de jeu. « Mais je m’en fous. Je ne suis pas nostalgique. D’ailleurs, ma médaille doit être chez mon père, à Pasteur. Je n’ai rien gardé, ni trophée, ni photos. Aujourd’hui, 24 ans après, bien sûr, il y a un petit regret. Mais c’est comme ça ».

Deux ans après cette finale, Laurent Sciarra tire sa révérence. Il troque le maillot de joueur pour le costume de coach. Aujourd’hui, il a quitté le monde du basket et coule des jours paisibles dans le Var. Mais il restera à jamais dans la légende du basket et des Jeux Olympiques. 


 

IL N'AURAIT MÊME PAS DÛ ÊTRE PRESENT A SYDNEY 

Le destin tient à peu de choses. Laurent Sciarra, à l’aube des JO, est numéro 3 de la hiérarchie des meneurs de jeu derrière Antoine Rigaudeau et Mous Sonko. « Je l’avais accepté, c’était juste. Mais quand Mous s’est blessé, j’ai compris que j’aurais une chance. Il ne fallait pas la laisser passer, envoyer la sauce. Sinon, j’aurais passé mon temps au bout du banc à filer les serviettes aux autres ».

Et Laurent préfère distribuer des caviars à ses coéquipiers. Mais lui aussi se blesse. Pubalgie. « Je voulais me soigner de mon côté, la fédé ne le souhaitait pas. J’ai tenu bon et suis revenu ».

Reste un dernier écueil, convaincre le coach Jean-Pierre De Vincenzi, avec lequel le courant ne passe plus : « Il s’était un peu fourvoyé après l’Euro en se désolidarisant des joueurs. Et puis, comme j’ai fait toutes les sélections des jeunes avec lui, il pensait que je serai ses yeux et ses oreilles dans le groupe. C’est mal me connaître ! Bon, on s’est dit quelques vérités et je reconnais qu’il a eu les c… de faire des choix forts ». Et on connaît la suite !

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