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Loïc Bruni : roue libre !




PAR THIERRY SUIRE

PHOTOS SEBASTIAN SCHIECK


Libre comme SuperBruni. Un champion hors normes qui, sur son VTT, avale les obstacles, se joue des rochers et racines pour dévaler à toute berzingue les pistes piégeuses glissées sous ses roues. Après avoir décroché cinq fois l’or en Championnat du monde de descente, glané trois fois le meilleur classement de la Coupe du monde, qu’est-ce qui fait rouler Bruni ?


So fast. A 30 ans, le descendeur VTT de Cagnes-sur-Mer croque la vie avec la même intensité qu’il met dans ses coups de pédale. Imperturbable. Tout semble glisser sur lui comme le vent sur son casque Redbull. Une vie à mille à l’heure à filer, telle une comète, d’un rendez-vous sportif à

l’autre. Une vie à partager la passion de son sport. Sa passion de la vitesse. Partager d’abord avec la foule qui se masse à l’arrivée de chacune de ses courses. Partager aussi avec ses 500 000 abonnés sur les réseaux sociaux. So famous !

Libre comme Loïc Bruni, rider funambule qu’on a accroché furtivement à La Colle-sur-Loup lors de la Collerider Fest. Pour mieux le capter quelques semaines plus tard entre deux séances de testing de matériel au Portugal. Le Cagnois raconte la naissance de son art, sa prépa, sa vie

de sportif de haut niveau.


LES ORIGINES

C’est dans les gènes. Le point de départ de cette incroyable aventure sportive, c’est "le padre". Jean-Pierre, lui-même champion. "Mon père a

commencé au début du VTT en France et il est vraiment passionné. Plus que moi, peut-être ! Au début, j’étais attiré par la moto. Mais, à le voir tellement s’amuser sur les courses, ça m’a plu. Forcément. À mon rythme, j’ai commencé à concourir et ça s’est bien passé".

Le rider rembobine le film de ses débuts jusqu’à sa toute première compét’. La région lyonnaise pour décor : "J’avais 9 ans, un vélo tout pérave. J’étais le plus petit et j’ai fini dernier de la course ! Mais j’avais kiffé le format, la descente, l’effort..."

Durant cette jeunesse insouciante, Loïc mouline à toute occasion. Pour des virées autour de Cagnes, de La Colle-sur-Loup. Des rendez-vous

bike entre potes. "J’ai fait du BMX, du cross-country... Il y avait plein de trucs cools dans chaque discipline mais la descente, c’est celle qui

me parlait le plus. L’intensité de l’effort, les sensations, ce que cela procure visuellement... Et puis, les sportifs qui m’inspiraient, c’étaient les

descendeurs. Ces mecs, c’étaient des rock-stars pour moi".

La passion naissante a vite trouvé son camp de base. L’US Cagnes, son club de toujours, dirigé par le padre. Loïc y mijote le cocktail gagnant de

sa future réussite : de l’émulation, des copains, un environnement familial... "On a eu la chance d’être une belle brochette de potes qui roulaient plutôt bien et on s’est tous tiré vers le haut. Il y avait une belle ambiance et de la compétitivité, c’était le paradis. Ce sont de super souvenirs et des amitiés qui durent encore. Beaucoup ont très bien roulé et entraîné dans leur sillon d’autres descendeurs. Je suis content d’avoir vécu cette époque-là. C’était à la bonne franquette, on allait dans des appart’ pourris, on rigolait... On n’avait pas les meilleurs vélos mais ça suffisait pour faire de bons résultats. C’est cette mentalité qui nous

a permis de garder la fraîcheur, de se faire plaisir, d’apprécier les bonnes choses."

Dans ce contexte, le descendeur cagnois roule de succès en succès. Se fait très vite un nom. Trace sa trajectoire. En 2012, à 18 ans, il signe dans l’équipe Lapierre et décroche son premier titre de champion du monde junior. En 2015, avant même d’avoir remporté une manche de Coupe du monde, il rafle son premier Championnat du monde Élite à VallNord-

Andorre. Le début d’une belle série : sous la marque Specialized Gravity, il remporte à nouveau l’or en 2017 à Cairns en Australie, en 2018 à Lenzerheide en Suisse, et au Mont Sainte-Anne (Canada) en 2019. Trois ans plus tard, il décroche son 5e Championnat du monde,

aux Gets, en France (lire par ailleurs).

En parallèle, il se hisse tout en haut du classement général de la Coupe du monde à trois reprises (2019, 2021 et 2023). Un palmarès édifiant. Une série en cours. Parce que le rider cagnois ne compte pas s’arrêter là !


LA VIE DE CHAMPION

Quand on lui parle de sa vie, Loïc répond travail. On le voit décontracté, on l’imagine un peu insouciant. Lui se définit, au contraire, comme

quelqu’un de "sérieux" ! "J’ai besoin de ma routine pour me sentir bien. Autour de moi, il y a les mêmes personnes depuis les débuts. J’ai

besoin de sentir leur proximité. Ce sont des amis proches, des gens que j’apprécie, qui me connaissent par cœur et qui sont très compétents. Avec mon team manager, on travaille la relation avec les sponsors, afin qu’ils soient contents de l’image qu’on donne. C’est la même chose pour les réseaux sociaux, avec mon mécano, mon entraîneur... Ils sont présents au quotidien, on échange beaucoup."

Son activité rythme sa vie. "Je m’entraîne tous les jours. Il n’y a pas vraiment de vacances ou de week-end. Il faut entretenir le côté physique, le côté technique, le côté mental, le côté mécanique. Ce sont toutes ces dimensions qu’il faut mettre en symbiose, en équilibre, pour être au meilleur niveau toute la saison. Ça prend beaucoup de temps. Ma copine, qui n’est pas de ce monde-là, m’a dit un jour : en fait, t’es occupé tout le temps !"

Il a le talent, il a le mental, mais bosser demeure la clé pour rester au top. "Le travail est très varié, on a cette chance. C’est d’ailleurs ce qui me plaît dans ce sport. On fait du moto-cross pour tester des trajectoires, pour arriver plus vite sur un saut... Et puis, à moto, on peut multiplier les descentes, faire davantage de volume. On fait aussi du BMX pour travailler la puissance, l’explosivité et la technique. On pratique le vélo de route pour travailler l’endurance, la marche à pied parce que, pendant les compétitions, on parcourt ainsi le circuit pour le repérer."

En parallèle, le rider doit prendre soin de son corps, soumis à rude cadence. Cela passe par du travail de renforcement pour prévenir les

blessures, de la kiné...





DES PARTENAIRES AU TOP NIVEAU

À quelques semaines de la saison 2024, Loïc était pendant trois jours au Portugal pour des journées de "testing".


L’occasion de parler mécanique, un rayon qu’il affectionne particulièrement avec son mécano de toujours, Jack Roure. "On choisit les pneus, les suspensions... C’est d’autant plus important que ces jours-ci, il pleut. Ce sont des conditions proches de celles qu’on risque de rencontrer début mai lors de la première course en Écosse. Du coup, on fait plein de runs, on pousse les limites du vélo."

Un travail d’exigence et de confiance avec son mécano. Ensemble, par le passé, ils ont lancé des innovations qui ont fait évoluer leur sport.

"Mon mécano est très branché dans le développement de la télémétrie (des capteurs qui relèvent les données de courses pour améliorer la perf’, ndlr). Et puis, avec mes partenaires hyper impliqués ! que ce soit Specialized, le leader mondial dans les vélos ou la marque suédoise

Ohlins, qui est branchée compétition (on a réussi à passer des paliers et pousser les autres à nous suivre. C’est cool d’être précurseurs. C’est surtout le travail de mon équipe. Moi, je suis là pour rouler et être très

exigeant, mais j’ai la chance d’avoir derrière des gens très compétents."



UN ÉCLAIR… AUX GETS !

Dans la légende. Aux Gets, en 2022, Loïc Bruni a franchi le mur du son. Pour, définitivement, se poser sur le toit du monde de la descente VTT.

Les Gets. Une course en apnée pour finir par couper le souffle à tout le monde. A commencer par la concurrence qui ne s’attendait pas au retour si rapide de la météorite cagnoise.

Il faut dire que le coureur Specialized n’est jamais si fort quand des vents contraires lui soufflent pleine face. Et, ce jour-là, pour le retour des Championnats du monde en France, 12 ans après, les nuages s’étaient fixés au-dessus du casque du cagnois. Une saison de galères. Blessé à la clavicule peu avant. En manque de compet’… et un début de course où le champion se met à la faute. 2e virage, un pied au sol et des

sueurs froides dans son camp. Mais un électrochoc dans la tête du descendeur forcené ! Porté par l’ambiance, il se transcende. "Personne

ne m’attendait. Je suis arrivé en sous-marin. Et puis, j’ai sorti LA course. L’ambiance était incroyable, on était en France... Toutes les courses

gagnées sont importantes, mais celle-là est vraiment spéciale."

A l’arrivée, Loïc a arraché le meilleur chrono à la stupéfaction de tous. Il monte sur la plus haute marche d’un podium 100% français. Premier

devant le favori, Amaury Pierron alors que son pote d’enfance, Loris Vergier, se hisse sur la 3e marche. Le public, énorme, envahit tout et porte

en triomphe les frenchies. Les Gets, c’est un gigantesque frisson bleu-blanc-rouge.



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